La pandémie a été synonyme de confinements à répétition. Ce fut un coup dur pour les choristes qui ne pouvaient plus se retrouver pour chanter ensemble. Lorsque les consignes furent enfin allégées et que les choeurs ont pu à nouveau se retrouver en présentiel, une deuxième contrainte s’est vue imposée : le port du masque.

Comment chanter avec un masque ? Comment bien respirer ? Est-ce que le son allait être altéré ? Autant de challenges qu’il a fallu relever mais qui n’ont pas empêché les choristes de retrouver ces moments de partages musicaux qui leur ont fait défaut si longtemps.

Les différents impacts du port du masque en chant choral

Chanter avec un masque a pu être perçu comme un véritable fardeau par certain comme un challenge pour d’autres. Voyons les différentes raisons qui ont rendu la pratique du chant choral « différente » avec le port du masque.

Impact n°1: Le masque joue sur l’intensité de la voix

On a tendance à imaginer le masque comme une barrière. La bouche n’est plus visible, elle est cachée. La couche de tissu qui empêche de visualiser cet organe donne l’impression qu’aucun son ne peut passer. Ce que l’oeil ne voit pas, le cerveau l’interprète. Pas de bouche = pas de son.

Dans les faits, le masque atténue effectivement l’intensité de la voix laissant cependant plutôt bien passer les basses fréquences. Le volume de la voix est donc impacté et en cas d’environnement bruyant il pourra y avoir un problème d’intelligibilité.

Les sons eux aussi vont être impactés par le port du masque. Notre façon d’articuler va être perçue différemment et il sera donc nécessaire de palier à ce désagrément.

Techniquement il y a donc bien quelque chose qui se joue, mais comme je l’ai dit plus haut, il y a aussi une part d’interprétation. Le fait de ne pas voir la bouche donne l’impression que le son ne passera pas ce qui finalement est faux. Le son passe mais un peu différemment.

Impact n°2: Le chanteur aura tendance à forcer sur sa voix

De peur que le son ne « passe pas », qu’on ne l’entende pas, le chanteur aura donc une tendance naturelle à essayer de chanter plus fort. Le problème est qu’en se focalisant sur cet aspect, le chanteur va fatiguer sa voix beaucoup plus vite et risque également de prendre de mauvaises habitudes comme pousser davantage sur sa gorge et sa poitrine. En résulte une sensation de tension voire de douleur dans la gorge.

Cette tendance est à risque car, on le sait, un chanteur qui force sur ses cordes vocales peut s’exposer à des lésions. Il doit donc apprendre à se ménager.

Impact n°3 : Le port du masque en chant modifie la respiration

De nombreux chanteurs ont eu ces paroles:

« On a l’impression de ne pas pouvoir respirer ! »

« On a l’impression de manquer d’air ! »

Chanter avec un masque a souvent été synonyme d’inconfort. Il est vrai qu’avec le masque on respire un peu plus souvent et en prenant moins d’air. On s’essouffle davantage et en tant que chanteur on peut moins tenir sur de longues phrases.

D’autres désagréments s’ajoutent à cela : l’impression « d’aspirer » son masque en respirant, celle de transpirer sous le masque et d’avoir une sensation d’humidité.

Quelques solutions pour favoriser une bonne pratique du chant choral malgré le masque

Malgré les désagréments cités ci-dessus, il n’a pas été impossible de chanter. Le résultat a même été plutôt satisfaisant. Pour que le masque ne soit plus un fardeau et qu’il n’ait pas un impact trop négatif sur la pratique vocale, plusieurs solutions existent.

Solution n°1 : Favoriser une respiration basse, abdominale

Le masque n’empêche pas cette respiration, il l’occulte. Puisqu’on ressent une sensation d’étouffement ou de manque d’air, on est tenté naturellement de faire ce que j’appellerai des respirations d’urgence. Pour les éviter il y a deux astuces à mettre en oeuvre:

• Eduquer son cerveau : Lui répéter que « non, ce n’est pas parce que nous avons quelque chose devant la bouche que nous allons étouffer et que oui, on peut respirer normalement ». Cela peut paraître simpliste mais c’est une façon d’enregistrer une nouvelle information qui aura une conséquence directe sur notre comportement. Une fois le pli d’une respiration tranquille pris à nouveau, les bonnes habitudes peuvent se réinstaller.
• Mettre la main sur son ventre: là encore on souhaite favoriser une prise de conscience et donner une information au corps. En respirant calmement et en ayant la sensation tactile de cette respiration basse, le corps aura davantage tendance à la « comprendre » et à la retenir.

Solution n°2 : Bien s’hydrater

En temps normal le choriste vient souvent accompagné de sa bouteille d’eau lors des répétitions. S’hydrater est essentiel lorsqu’on chante. Avec le port du masque cette habitude est d’autant plus importante que le masque amène une sensation de sécheresse.

Solution n°3: Utiliser un support de masque

C’est une sorte de petite coque en plastique que l’on vient insérer sous le masque et qui permet d’apporter plus d’espace entre le masque et la bouche. On peut donc avoir la sensation d’avoir « plus de place » pour respirer. Cette solution dépend de chaque personnalité. Certains l’ont trouvée salvatrice d’autres au contraire gênante.

Le constat que nous avons fait sur le port du masque en chant choral

Une meilleure expressivité

Même sans le port du masque, notre chef de choeur nous invite à « chanter avec les yeux ». Puisqu’avec le masque il ne pouvait pas voir notre expression (ce qui pouvait être utile en cas de grimace suite à une fausse note), il nous a fallu palier à ce qui aurait pu être perçu comme un handicap d’un point de vue communication.

Seuls nos yeux pouvaient laisser transparaitre notre expressivité et j’ai pu remarquer que nous mettions presque plus d’intention dans notre façon de chanter lorsque nous étions masqués. C’est un peu comme si puisque nous étions doublement cachés : par notre partition puis par notre masque, il fallait se rendre d’autant plus présents et attentifs.

Une fois le masque enlevé nous avons presque perdu ces bonnes habitudes et concentrés sur nos portées nous oublions parfois d’être expressifs et souriants.

Un concert réussi et une acoustique préservée

Nous avons pu effectuer notre concert de Noël en Décembre 2022 dans la cathédrale de Laon et malgré les masques le résultat a été excellent. Le son s’est diffusé de manière homogène et le public a été impressionné par le fait de si bien comprendre les paroles.

Au final, on peut dire que le port du masque lors de notre pratique du chant choral ne nous a pas empêché de chanter et malgré ce petit désagrément, nous étions heureux de pouvoir nous retrouver ensemble et de pouvoir tout de même offrir un concert de qualité à notre public.